LUS POUR VOUS

NIGERIA : Violences entre chrétiens et musulmans….Quelles analyses ?

Sources : AFP/ RFI

C’est la construction d’une mosquée dans un quartier chrétien de Jos, ville d’un demi-million d’habitants située entre le nord musulman, le sud Chrétien et animiste qui a déclenché les violences. Même si le calme semble revenu après l’instauration  d’un couvre feu précaire, les pertes humaines s’élèvent à plus de trois cent morts dont cent cinquante à eux seuls retrouvés  et ensevelis dans un puits. Que dégâts corporels et matériels sans compter les dommages phycologiques dont les cicatrices peuvent de plus en plus creuser le fossé de la haine dans ses deux communautés religieuses aux passées déjà tumultueux...

Pour le Vice Président Fédéral, Goodluck Jonathan, "C'est une crise de trop et le gouvernement fédéral estime qu'elle est totalement inacceptable, réactionnaire et susceptible de menacer davantage l'unité de notre pays’’…des renforts de troupes dépêchés à Jos n’ont pas eu de la peine pour ramener l’ordre, en tenant cette fois ci à respecter la mise au point de l’organisation Human Watch qui dans une sortie publique a demandé au gouvernement fédéral en ces mots un peu plus clair : « Le Nigeria doit s'assurer que les forces assurant la sécurité usent de modération et observent les règles internationales en matière d'usage de la force »…HRW en effet estime que plus de 13.500 personnes ont été tuées dans des violences entre communautés depuis la fin du régime militaire en 1999 au Nigeria, soulignant que beaucoup de coupables sont restés impunis. Faut il le rappeler, pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 150 millions d’habitants, le Nigéria est régulièrement secoué par des violences entre Chrétiens et Musulmans…

Quelques repaires proches :

Novembre 2008 : des centaines de personnes périssent en deux jours dans des affrontements similaires dans la même ville de Jos.

Juillet 2009 : Au moins huit cent tués au cours de l’intervention des forces de sécurités durant un soulèvement de la secte islamiste BOKO HARAN.

Face à ce constat, Existe-t-il des conflits à proprement parler religieux ?

A priori, on serait tenté de répondre de manière affirmative au vu des incidents sanglants qui opposent des groupes et des communautés, se réclamant, de par le monde, de leurs croyances religieuses pour défendre et promouvoir des intérêts politiques. L’actualité internationale évoque avec constance ces guerres larvées ou déclarées dans lesquelles des chrétiens s’opposent à des musulmans au Nigeria, au Soudan ou aux Philippines, où bouddhistes et hindous sont aux prises, au Sri Lanka, où les musulmans se heurtent aux hindous, en Inde, où catholiques et protestants sont en confrontation, en Irlande du Nord, où Kosovars musulmans et Kosovars orthodoxes poursuivent des combats commencés entre les communautés de l’ex-Yougoslavie. Le sens commun interprète ces conflits comme des affrontements religieux. Une analyse plus nuancée doit conduire toutefois à relativiser un tel point de vue et à mieux distinguer ce qui appartient à l’ordre du politique et ce qui relève de la religion et de son utilisation à des fins politiques dans des situations très complexes par ailleurs.

 

Car, dans les conflits que l’on a appelé hâtivement «identitaires » pour les différencier des rivalités interétatiques classiques ou à dominante idéologiques de l’époque de la guerre froide, les cultures et les religions sont particulièrement présentes et servent de toile de fond autant que d’enjeux à des affrontements meurtriers. Souvent pour expliquer ces conflits, on fait appel à l’histoire supposée révéler l’enracinement profond de la conflictualité et comme expliquer la récurrence d’un malheur qui prend la forme d’un implacable destin. Il est vrai que là où des clivages forgés par l’histoire opposent groupes et communautés, la mémoire peut jouer un rôle important et entretenir des postures de méfiance et d’hostilité. Analysant le conflit irlandais dans la seconde moitié du xixe siècle, Karl Marx, peu suspect de culturalisme, écrivait qu’en Irlande la mémoire des morts pesait très lourd sur le cerveau des vivants. Mais la mémoire ne veut pas dire que les conflits présentent un visage pérenne. En réalité, même s’ils sont analysés dans leur continuité temporelle et repérés sous une même dénomination : le « conflit irlandais », le « conflit israélo-arabe », « la question des Balkans » etc., les conflits changent. L’erreur est de les croire immuables, alors même que leur contexte se modifie, que les générations se succèdent et, qu’avec elles, s’altère et se transforme la perception des conflits et de leurs enjeux.

Pourquoi ces conflits surgissent-ils ?

Ces remarques faites, la question qui se pose est celle de la raison du surgissement des « conflits identitaires ».

Une première raison du « retour » des identités est directement liée à l’éclatement des territoires de l’ancienne Union soviétique, héritière de l’Empire des Tsars et plus généralement de l’écroulement du système communiste. Les Etats indépendants qui ont émergé de l’effondrement soviétique renouent avec un nationalisme longtemps contenu et brimé. On voit alors monter à la vie politique des identités enfouies et reléguées par une histoire violente dans les tréfonds de la mémoire des groupes. La revendication nationaliste tchétchène, fortement modelée par l’islam, est un bon exemple d’un tel phénomène. Un autre cas de figure est celui de la Yougoslavie. Il tient à la fois de la liquidation de l’héritage communiste et de la crise d’un Etat multinational. L’idée yougoslave, centrée à sa naissance, après la première guerre mondiale, autour de la monarchie, puis portée et maintenue par le parti communiste, fédérait un ensemble diversifié de peuples. Avec l’affaiblissement du parti communiste, les revendications indépendantistes se donnent libre cours. Elles amèneront à l’éclatement du pays et à la résurgence de nationalismes exacerbés. La construction « nationale » yougoslave ne résistera pas à la dynamique centrifuge ainsi enclenchée. La prétention serbe à régenter de vastes parties du territoire au nom de l’idéologie de la « grande Serbie » et l’opposition croate à cette hégémonie vont réveiller la mémoire de rivalités anciennes. Des identités longtemps encapsulées dans l’édifice yougoslave vont reprendre le dessus et affirmer leur primauté sur l’appartenance nationale. La manifestation de ces exclusivismes identitaires, nourris de références religieuses, chrétienne orthodoxe, catholique ou musulmane, témoignera d’une volonté exaltée de vivre entre soi. Elle débouchera sur des nettoyages ethniques et des morcellements territoriaux. Elle viendra surtout à bout d’une citoyenneté yougoslave devenue problématique. La décomposition yougoslave est emblématique de la déconstruction identitaire. Elle montre comment lorsque l’appartenance à la communauté la plus large, la communauté nationale, en vient à être questionnée, des identités plus restreintes (familiale, locale, régionale, religieuse) la remplacent et servent de référents d’identification. Quand l’Etat se délite comme dans l’ex-Yougoslavie, et que la communauté nationale relève plus du slogan que de la réalité, l’identité ethnique et religieuse offre se propose comme un substitut politique à une identité jadis englobante mais désormais défaillante. De citoyen de l’Etat, on devient dès lors « citoyen » de sa communauté.

Crise des modèles d’identification

Une autre configuration s’impose, non sans similitudes avec la précédente, quand on évoque les crises d’Etats plus jeunes qui connaissent des affrontements à caractère identitaire. Les Etats issus, naguère, de la décolonisation présentent des aspects de fragilité qui tiennent à la faiblesse de leur construction institutionnelle. Ici la modernité politique a échoué. Le projet de bâtir l’Etat indépendant, avec une citoyenneté englobante, prévalant par-dessus les clivages ethniques et tribaux, s’est heurtée à la résistance des loyautés infra étatiques : lignagères, tribales... La place du statut prescrit, celui que l’on tient de par sa naissance, concurrence celui, moderne, acquis par la profession et l’activité individuelle. L’appartenance à une famille, à un village, voire à un clan, définit une identité et commande des solidarités. Les liens que les sociologues appellent « primordiaux », liens de sang ou de clan, facilitent la constitution de groupes qui se partagent le pouvoir et s’y maintiennent par la prébende et la corruption, faisant de l’Etat un Etat « patrimonial », une quasi-propriété de l’ethnie. Cet échec de l’intégration nationale a renforcé tous les autres clivages. L’implosion des Etats, celui de la Sierra Leone ou du Congo démocratique, des massacres comme ceux du Rwanda relèvent du ratage d’une politique du Bien commun et de l’appropriation de l’appareil d’Etat. Dans certains cas, le clivage religieux joue aussi son rôle dans la détermination des frontières internes de la contestation. Les craquements qui se font entendre au Nigeria, dans la foulée d’une décision d’application de la charia dans les Etats du Nord, ou en Côte d’Ivoire où la ligne de démarcation se superpose dangereusement à un clivage à la fois ethnique et à caractère religieux chrétiens/musulmans, ne cessent d’inquiéter.

Le renouveau des thématiques identitaires relève de l’affadissement ou de la perte des repères et des modes politiques classiques d’intégration. L’apparition de nouvelles lignes de clivages identitaires traduit une crise des modèles d’identification. La circulation des personnes au plan mondial, les flux de population en provenance du Sud augmentent. Partout, en Europe en particulier, un pluralisme culturel tend à se créer. Les Etats les plus homogènes et les plus centralisés sont, eux aussi, désormais confrontés à ce phénomène de la diversité culturelle affichée et parfois revendiquée avec force par des populations immigrées. On voit la France tenter une voie de synthèse entre une politique d’intégration par la laïcité et la prise en compte d’une diversité communautaire dont on voudrait, à juste titre, empêcher qu’elle favorise le communautarisme. Gérer les identités, s’opposer à tout dérapage fondamentaliste tout en combattant l’exclusion, est devenu au fil des ans un vrai souci. La République tente de traiter de ces questions qui sont au cœur du grand mouvement des migrations internationales. Mais elle est moins bien outillée de par sa culture historique que d’autres Etats européens, voisins, qui ont inscrit leurs rapports aux religions ou aux communautés linguistiques dans le cadre d’une reconnaissance institutionnelle de la diversité culturelle. Les Pays-Bas, la Belgique ou la Suisse ont bâti leur système politique sur un régime de représentation qui permet de maintenir un équilibre religieux, linguistique ou communautaire entre groupes.

La religion-outil

Les exemples fournis par les conflits permettent de saisir les fonctions que  la religion peut remplir quand elle est prise dans la tourmente politique.

La religion sert, très souvent, notamment dans les pays où elle a été associée à l’histoire nationale, comme une identité de substitution à des identités politiques en crise ou en faillite. Elle remplace alors une identité nationale défaillante et devient l’élément fédérateur, à la fois sacré mais combien aussi profane, de la solidarité politique quand la communauté nationale a éclaté.

Dans les conflits, la religion est également utilisée comme un vecteur de légitimation de la violence. C’est là son rôle le plus dangereux : sanctifier un combat « pour » Dieu, comme dans l’appel au jihad, ou pour la défense d’un territoire perçu comme sacré du fait de sa valeur symbolique, à l’instar du Kosovo, « berceau » de l’orthodoxie serbe, ou encore pour l’expropriation et la colonisation d’espaces qui font partie d’une terre sacrée, comme dans les idéologies extrêmes des colons religieux d’Israël.

Enfin, dans les conflits, la religion se transforme en facteur de mobilisation. C’est en son nom qu’on mobilisera, embrigadera, et galvanisera le groupe. C’est en invoquant sa défense que l’on sensibilisera les opinions, qu’on appellera à former des milices. Les autorités religieuses elles-mêmes pourront directement s’impliquer dans cette mobilisation et la conduire, comme on l’a vu dans nombre de conflits récents.

Mais, alors, trois dangers guettent. Lorsque la religion finit par se confondre avec un groupe, ses valeurs et son combat, quand elle assure immédiatement une fonction politique, elle devient ethnique : une religion de groupe. Elle occulte, de ce fait, sa dimension d’universalité et oublie que ses valeurs, notamment pour les trois religions monothéistes, sont proposées en partage et en ouverture à l’humanité. De l’ethos, on est passé à l’ethnos.

Deuxième danger : la religion instrumentalisée est un outil de pouvoir. Elle est appelée à se confondre avec un système de régulation sociale et d’aménagement de l’autorité politique. Elle en vient à légitimer des actes de gouvernement ainsi que des pratiques où l’urgence le dispute à une légitime défense interprétée le plus souvent de manière extensive et pernicieuse. Quand elle n’est pas invoquée comme pur prétexte...

Le troisième danger est que ne se perde dans cette instrumentalisation  toute possibilité de discernement. L’appel à discerner a du mal à se faire entendre quand la violence devient la loi massive et exclusive du groupe. Négocier, maintenir le dialogue, ouvrir des pistes de paix sont considérés comme des signes de faiblesse sinon de trahison. Le risque est alors que la religion soit elle aussi phagocytée par la menace et la peur et qu’elle ne puisse plus se mettre à distance d’une violence souveraine.

Ces perspectives demandent bien évidemment à être nuancées. Elles doivent tenir compte aussi des contextes de crise, de la menace et par endroits de la persécution religieuse qui pèse sur les personnes. De même qu’elles doivent prendre en considération l’état de la doctrine et de la réflexion sur la violence, état variable selon les religions. Mais la question concerne également tout croyant qui doit s’interroger sur le sens que peut avoir sa religion quand elle est réduite à un ordre de légitimation au regard duquel tout rapport à « l’autre » autrement que sur le mode de l’hostilité serait dénié.

Le consensus à la libanaise

Le Liban est sans doute le cas le plus typique de cette communautarisation de la vie politique. On dénombre dans ce pays dix-huit communautés réparties entre chrétiennes et musulmanes. Issu du système de représentation des communautés par leurs chefs religieux, système dit des « Millet » ou nations, le régime politique libanais prend en compte la nécessité de distribuer de manière subtile les charges publiques entre les communautés et ce, du président de la République à la fixation à égalité des fêtes chômées en passant par le nombre de députés, de hauts fonctionnaires ou de ministres. Le régime politique y est confessionnel. La responsabilité des autorités religieuses est d’autant plus grande que le statut matrimonial (mariage, divorce, héritage) relève en grande partie – en totalité pour les communautés musulmanes – des tribunaux religieux. Le mode de fonctionnement du régime politique exige le consensus pour les décisions importantes et des procédures fastidieuses de négociation. Il faut donc aller de compromis en compromis. La démocratie communautaire y est dite « consociative » car elle requiert le plus large assentiment. Quand le compromis n’est pas trouvé, que les revendications communautaires s’exacerbent ou lorsque l’environnement se fait turbulent, tout peut basculer. La rupture du pacte national de vie en commun guette et parfois, comme de 1975 à 1990, la guerre s’installe. Le poids, puissant et réel des communautés ainsi que l’implication des autorités religieuses dans les affaires politiques font que la religion ne se laisse pas séparer des affaires civiles. Est-ce à dire pour autant que le conflit devient alors religieux ?                                                                                Le cas du Liban permet de souligner que ce qui est en jeu dans les pays où la population se compose de communautés religieuses n’est pas tant la religion en tant que système de croyances et de convictions que la religion comme système de classement et d’appartenance des individus à des traditions sociales différenciées. Le lien communautaire est aussi un principe de solidarité sociale. En d’autres termes, ce qui est en cause n’est pas la foi : les guerres confessionnelles ne se présentent pas comme des guerres pour la religion ou pour contraindre au changement de religion. Bien plutôt, la religion sert à définir le groupe et à manifester ses valeurs. Elle apparaît ainsi comme un critère de regroupement et de solidarité. Le paradoxe le plus frappant est que le critère religieux en vient à ranger, au Liban, en Irlande ou ailleurs, les individus dans les communautés indépendamment d’une foi qu’ils peuvent avoir perdue ou dont ils rejettent l’instrumentalisation politique mais qui, néanmoins, continuera à les identifier en fonction de leur appartenance d’origine à des ensembles communautaires.

Titre (posté le 30/03/2011 à 20:19)

Crise en côte d'Ivoire

Pour Achille Mbembe: «Il n'y a pas un ange et un démon dans la crise ivoirienne»

Interview accordé à RFI.fr

Par Christophe Champin

Alors que le blocage persiste en Côte d'Ivoire, nous poursuivons le débat sur rfi.fr. Après le sociologue Michel Galy et l'écrivaine Véronique Tadjo, nous donnons la parole à Achille Mbembe, professeur d'histoire et de sciences politiques à l'université de Witvatersrand (Johannesburg) et directeur de recherche au Witwatersrand Institute for Social and Economic Research (WISER) à Johannesburg .

Achille Mbembe, jusqu'ici très critique contre le soutien de la communauté internationale à Alassane Ouattara, estime désormais que Laurent Gbagbo doit se plier à la décision de l'Union africaine reconnaissant sa défaite. Mais pour l'universitaire camerounais, Alassane Ouattara partage la responsabilité de la crise.

RFI : L’Union africaine a confirmé sa position quant à la reconnaissance d’Alassane Ouattara comme seul président de Côte d’Ivoire. Est-ce qu’il vous semble encore envisageable que Laurent Gbagbo se plie à cette décision ?

Achille Mbembé : Tout dépend de monsieur Gbagbo. Pour le moment, il est tout à fait clair que l’Union africaine s’est rangée à la position qui donnait Ouattara vainqueur lors de la présidentielle. Monsieur Gbagbo aurait intérêt à s’aligner sur ces positions de l’Union africaine. Est-ce qu’il le fera ou non ? Je crois que c’est à lui de répondre à cette question.

RFI : On vous a entendu assez critique sur la position de la communauté internationale, que vous jugiez quasi-néocoloniale. A vous entendre, vous avez changé de position...

A. M. : Ce que je préconisais, et cela va dans le droit fil de ce que beaucoup d'entre nous qui vivons et travaillons en Afrique pensons, c'était que la solution au problème ivoirien devait être africaine. L’Union africaine vient de prendre sa décision. L’Union africaine, si l’on s’en tient à un certain nombre de précédents, ne dispose pas toujours des moyens nécessaires à l’application des politiques qu’elle définit. Ceci dit, l’Afrique dispose tout de même d’un capital de gestion des conflits qui n’est pas si médiocre que cela. Mais tout dépend, bien entendu, des deux adversaires qui sont opposés et qui s’opposent toujours en Côte d’Ivoire : le camp de Gbagbo et celui de Ouattara. Je ne pense pas que la démocratie en Afrique doit, pour autant, être une affaire de diktat venu de l‘étranger. Je crois que la démocratie prendra racine en Afrique grâce à une modification substantielle des rapports de force entre l’Etat et la société et entre les différentes classes sociales qui sont en train de se cristalliser dans le continent. Ceci évidemment est une vue de long terme qui n’élimine pas entretemps l’apparition de luttes politiques parfois meurtrières, comme on le voit en Côte d’Ivoire.

RFI : Si le président sortant, Laurent Gbagbo, refuse de se plier aux injonctions de l’Union africaine, quelles sont les solutions, selon vous, pour sortir de la crise? 

A. M. : Je pense personnellement que l’affrontement militaire ou l’usage de la force dans les relations internationales ou dans les rapports entre Etats, ou à l’intérieur des Etats, que cet usage de la force est toujours le symbole d’un déficit d’imagination morale. Ceci dit, l’usage de la force est légitime, à mon avis, en cas de génocide où, comme on le voit en ce moment en Libye, dans des cas où l’Etat ou le régime en place retourne ses armes contre un peuple désarmé. Dans ces conditions, je suis pour l’usage de la force.  Et c’est donc à inventer les voies d’une imagination morale vigoureuse que les circonstances dans le continent nous appellent, notamment en référence aux contentieux électoraux.

RFI : Mais dans le cas ivoirien, la force pour vous est-elle légitime ou non ?

A. M. : La force serait légitime au cas où une des parties serait engagée dans une entreprise génocidaire ou dans le cas où l’une des parties se livrerait effectivement à un massacre à une échelle élevée de civils.

RFI : Mais pour l’heure, faut-il utiliser la force en Côte d'Ivoire ?

A. M. : Je ne pense pas qu’on puisse instaurer la démocratie en Afrique ou ailleurs à coups de canon.

RFI : Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est donc face à deux personnalités qui se considèrent comme président légitime de leur pays et très peu de portes de sortie. Est-ce que vous pensez que l’un ou l’autre peut encore espérer diriger toute la Côte d’Ivoire ?

A. M. : Mais ils sont très mal partis. Monsieur Gbagbo, très clairement, ne peut pas gouverner contre - appelons-la ainsi - la communauté internationale. Il lui reste très peu d’alliés à la fois sur le continent et, davantage encore, hors du continent. Il est mis dans des conditions telles qu'il serait raisonnable, à l’heure où l’on parle, qu’il s’en aille.

RFI : Mais en même temps, il y a une partie de la population qui refuse clairement qu’il s’en aille...

A. M. : Ce qui veut dire précisément que monsieur Ouattara, dans le cas où effectivement il prend les rênes de l’Etat, ne pourra pas gouverner contre une grande partie de la population ivoirienne qui a soutenu monsieur Gbagbo. Et donc le jeu politique en Côte d’Ivoire, comme d’ailleurs dans les autres pays africains, ne peut pas être un jeu à somme nulle. Et donc ce qu’il nous faut réinventer, c’est à la fois les formes de la représentation et, bien entendu, une éthique de gouvernement qui favorise l’alternance sans que celle-ci nécessite nécessairement un bain de sang. Il me semble que le besoin, la nécessité d’une réflexion en profondeur sur les formes que pourrait prendre la démocratie dans des conditions africaines contemporaines, cette nécessité ne s’est jamais faite ressentir autant que maintenant. Le problème, c’est que pressés par la lutte pour le pouvoir, il y a très peu d’acteurs qui sont prêts, à la fois au sein des régimes établis et au sein des mouvements d’opposition, à entreprendre ce travail en profondeur.

RFI : Mais concrètement, dans la situation présente, quelle forme prendrait ce travail en profondeur ?

A. M. : Le problème, c’est que maintenant nous avons affaire à une lutte de nègres dans un tunnel et que toutes les énergies sont prises effectivement par cette lutte à mort, et que personne ne réfléchit sur le long terme.

 

RFI : Aujourd’hui, on est dans une situation de guerre civile larvée. Il y a des combats à Abidjan, dans certains quartiers. Il y a des combats dans l’ouest. Est-ce que vous êtes pour un renforcement du mandat de l’Onuci (Mission des Nations unies sur place) pour éventuellement s’interposer dans ces combats ?

A. M. : Oui, je suis d’avis que tout doit être fait pour éviter une nouvelle guerre en Côte d’Ivoire. Je suis d’avis qu’un des problèmes majeurs auquel nous faisons face sur le continent dans bien des pays, c’est effectivement le problème de la guerre et de la paix. C’est le défi de pacifier le politique, de démilitariser le politique. Et la Côte d’Ivoire en ce moment en est un exemple. Mais il y a d’autres exemples, si l’on y prend garde, ce qui se passe en Côte d’Ivoire se passera également ailleurs. Et donc oui, je suis pour la mise en place de tous les moyens possibles pour éviter que l’engrenage militaire ne prenne une forme paroxystique.

RFI : Est-ce que ce n'est pas compliqué, dans la mesure où du côté du camp Gbagbo, on considère maintenant l’ONU comme alliée objective du président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara. Est-ce que ça ne rend pas ce rôle difficile ?

A. M. : Il faut garder langue avec Gbagbo et son camp parce que, comme on vient de le dire, au-delà de la personne de monsieur Gbagbo, il y a quand même, si on se fie aux résultats des dernières élections tels que reconnus par l'ONU et l'UA, plus de 40% des Ivoiriens qui sont derrière lui. Et donc toute solution au drame ivoirien doit faire place à cet autre partie de la nation ivoirienne. Et c’est à ce niveau qu’il faut faire preuve d’ouverture, de créativité et d’inventivité institutionnelle. Tant que les élections en Afrique prennent la forme d’un jeu à somme nulle, personne ne voudra quitter le pouvoir. C’est cette logique qu’il faut briser. En plus de repenser de manière fondamentale, et l’économie et l’architecture et la politique des élections. Il n’est pas normal, par exemple, que l’on tienne des élections dans un pays où une partie du territoire est occupée par des bandes armées. Mais cela, il est facile de le dire maintenant, il aurait fallu le dire avant.

RFI : Une question toute simple : est-ce qu’au fond, ces élections dans lesquelles se sont investis très fortement un certain nombre de pays et surtout des organisations comme les Nations unies, est-ce que ce n’était pas aussi un échec pour la communauté internationale, l’échec d’élections pacifiées en Côte d’Ivoire

A. M. : Mais c'est un immense échec. Ce que l’on appelle la communauté internationale a une grosse part de responsabilité dans ce qui se passe dans ce pays. Le dire ne signifie pas que l’on adhère aux thèses anti-impérialistes assez faciles que l’on entend depuis Abidjan. L’analyse du processus électoral en Côte d’Ivoire, analyse faite par des groupes comme International Crisis Group ont mis en évidence les énormes difficultés à la fois matérielles, institutionnelles, économiques, politiques et bureaucratiques qui ont émaillé l’ensemble du processus. Il faudrait que l’on tire des leçons de ces difficultés pour mettre en place une architecture différente. Je vous assure que tant que cela n’est pas fait, si l’on organisait une autre élection en Côte d’Ivoire aujourd’hui dans les mêmes conditions, il est fort probable qu’une telle élection produirait les mêmes effets que ceux auxquels on assiste en ce moment.

RFI : Pour vous, est-ce que c’est Laurent Gbagbo qui est le principal responsable de tout cela ?

 

A. M. : Il faut justement sortir de ce manichéisme. La situation en Côte d’Ivoire, comme dans tous les autres pays en crise en Afrique et ailleurs, n’est jamais telle qu’il y ait d’un côté un démon et de l’autre des anges. C’est toujours un peu plus compliqué que cela. Bien évidemment, un voleur de bœufs n’a pas la même responsabilité qu’un voleur de poules. Mais les deux sont responsables quand même, à divers degrés, d’un crime. Un crime, c’est quand même toujours un processus qui oppose des sujets à d’autres sujets et jamais des sujets à des objets passifs. Si l’on veut sortir du cul-de-sac actuel, il faut effectivement sortir du cercle qui oppose d’un côté un démon et de l’autre un ange. Ce qui signifie qu’il y a d’énormes compromis qui devraient être faits. Je parle de cette façon parce que j’ai passé trop de temps en Afrique du Sud. Après tout, l’Afrique du Sud sous l’Apartheid était l’archétype de cette espèce de vision manichéenne des bons et des méchants. On ne pouvait pas trouver mieux. Or, ils ont réussi à négocier leurs différences sur une base qui a permis quand même l’instauration dans ce pays d’un des régimes les plus démocratiques du continent. Et cela on peut le faire ailleurs au Soudan, au Congo, en Côte d’Ivoire ou au Cameroun.

RFI : Justement, de quelle manière on pourrait le faire en Côte d’Ivoire ? Au Soudan, on l’a fait, mais après des années de guerre, en Afrique du Sud après des années d’Apartheid. Est-ce qu’en Côte d’Ivoire, il faudra attendre des dizaines de milliers de morts pour en arriver là ?

A. M. : Non il ne faut pas. S’il y a quelque chose à retenir des guerres en Afrique, c’est que ce sont, en général, des guerres contre des civils. C’est très rarement des guerres qui opposent une armée à une autre. Ce sont des guerres où les civils sont les principales victimes. Et donc, il ne viendrait à l’idée de personne de cautionner une nouvelle guerre en Côte d’Ivoire, comme dans d’autres pays du continent. Il faut donc tout faire pour sortir de la logique de guerre et rentrer dans une logique de refonte de la nation qui est une logique de long terme, où effectivement tout le monde a une voix. Pour le moment, la Côte d’Ivoire ne dispose pas des institutions qui permettent à tous d’avoir droit au chapitre, d’avoir une voix. Elle n’est pas la seule dans ce cas. Faute de rentrer dans cette logique de la réconciliation, il ne reste que deux solutions : soit la guerre, soit la partition. Et la partition, on l’a vu au Soudan et les deux d’ailleurs peuvent aller de pair. Mais c’est aux Ivoiriens et notamment à monsieur Gbagbo et à monsieur Alassane Ouattara et à leurs affidés de faire ces choix.

RFI : Pour vous, la partition est une des solutions de sortie de crise ?

A. M. : Non je ne pense pas que ce soit une solution. Je ne pense pas que l’Afrique ait besoin de nouveaux micro-Etats, d’une poussière d’Etats, qui ne pèsent d’aucun poids sur l’échiquier mondial. Et donc je suis contre les scissions, les partitions et les autres formes de balkanisation. Je suis pour que l’Afrique redevienne son centre propre, sa force propre. Et pour que cela arrive, il faudrait qu’elle s’ouvre à elle-même, que l’on abolisse les frontières héritées de la colonisation et que l’on crée un vaste espace de mouvements ouvert au monde et à tous ceux qui veulent faire de ce « bout de monde » un exemple de construction humaine.

RFI : Quand vous dites qu’il faut absolument qu’on empêche la guerre en Côte d’Ivoire, concrètement, de quelle manière ?

A. M. : Il faudrait d’une part renforcer la présence de l’ONU en Côte d’Ivoire à travers l'arrivée de nouvelles troupes. Il faudrait parallèlement davantage internationaliser cette présence de l’ONU. Il faudrait qu’il y ait davantage de représentants du continent et d’autres pays d’Asie ou d’ailleurs. Deuxièmement, il faut mettre en place assez rapidement une série d’enquêtes qui viseraient à traduire devant la Cour pénale internationale de La Haye la plupart des acteurs des deux côtés qui s’avèreraient responsables de crimes contre l’humanité. Il faudrait recalibrer les sanctions économiques de telle manière que l’ensemble de la population ivoirienne ne soit pas pénalisée, mais que soient pénalisés ceux qui sont responsables de la crise actuelle. Donc voilà un certain nombre de pas qui, à mon avis, auraient pour objectif d’obliger monsieur Gbagbo à respecter ce qui maintenant a été ratifié par les Africains eux-mêmes. Et monsieur Ouattara doit s’engager à gouverner avec ceux qui n’ont pas voté pour lui et donc à opérer une refonte des institutions ivoiriennes, une refonte qui permette d’inclure tout le monde.

RFI : Certains évoquent la solution du troisième homme...Qu'en pensez-vous ?

A.M : Mais on l’a dit depuis très longtemps. On a dit depuis longtemps que la Côte d’Ivoire devrait, si elle veut ouvrir pour elle-même les portes du futur, se passer de monsieur Gbagbo, de monsieur Ouattara, de monsieur Guillaume Soro, de monsieur Bédié, et bien sûr de leur clique…Tous ces gens qui ont conduit le pays à la catastrophe. Mais qui va opérer cette décapitation généralisée ? Je n’en sais rien, je pense que c’est au peuple ivoirien de le faire. La démocratie ne s’obtiendra pas en Côte d’Ivoire par procuration malheureusement.

 

Commentaires

Titre (posté le 24/03/2011 à 19:35)

Débat : Qui sont donc ces gens qui se cachent derrière les tribunaux internationaux et dictent leur conduite à des juges prêts à faire condamner des innocents, au mépris des droits de l’homme et de la dignité humaine ?

(In)justice internationale

Par Jacques Vergès

En 1996, j'ai été invité à Nuremberg parla BBC pour le cinquantième anniversaire du célèbre procès. Il y avait un colloque et je me rappelle avoir dit: « Comme tout homme, je rêve d'une justice internationale; mais comme tout adulte, je reste sceptique. »

Pourquoi ? Un tribunal international qui intervient dans des conditions politiques dramatiques est toujours organisé par le vainqueur contre le vaincu, par le plus fort contre le plus faible; et le plus fort n'a pas toujours raison, et le vaincu n'a pas toujours tort. Or quel est le but d'un procès international? C'est de faire porter la responsabilité du désastre au vaincu, à l'accusé, avec ce danger: si l'accusé est acquitté, le procès se retourne contre le vainqueur. Il ne faut donc pas que l'accusé bénéficie des droits de la défense. Réfléchissons: comment un procès organisé par des vainqueurs contre des vaincus peut-il permettre à la défense de s'exercer normalement?

En France, nous avons l'expérience du procès de Riom, après le désastre de 1940. Le gouvernement de Vichy voulait faire porter la responsabilité de la guerre puis de la défaite aux dirigeants de la IVe République, Mendès, Blum, Daladier. Mais il avait lieu dans un pays où les avocats pouvaient faire appel à l'opinion et celle-ci pouvait exercer son influence sur les responsables politiques, si bien que la défense, dans des conditions difficiles, a pu remporter un certain succès. Le procès a été renvoyé sine die. Manifestement, il n'allait pas se dérouler selon ce que Vichy avait envisagé. Mais quand il s'agit de justice internationale, sur quelle opinion l'avocat peut-il s'appuyer?

 Adieu Montesquieu!

J'ai été l'un des conseillers de M. Milosevic devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye. Il n'y avait pas de Serbes dans le tribunal: l'opinion serbe eut-elle réagi que le tribunal serait resté parfaitement indifférent. Le représentant de l'Otan avait déclaré à cette époque-là: « Nous sommes le principal financier de ce tribunal. » Il en parlait comme le patron d'une multinationale parle de l'une de ses succursales. Nous sommes là dans l'impossibilité d'agir sur l'opinion.

Nous le voyons aussi à Phnom Penh : la France, l'Angleterre, le Canada et les États-Unis y contribuent. Quand le tribunal est en cessation de paiement, c'est-à-dire presque deux fois par an, il demande une aide d'urgence. La dernière fois, c'est le Japon qui a versé un pourboire. Mais le Japon n'est pas dirigé par Sœur Emmanuelle. Il est dirigé par des politiques qui ont des buts politiques et manifestement, le Japon voulait dire son mot dans cette affaire car il a un problème à régler avec la Chine qui a appuyé les Khmers rouges, comme les États-Unis et la France d'ailleurs. Dès lors, nous sommes devant un tribunal dont personne n'est responsable, sauf les juges et les magistrats. Alors adieu Montesquieu ! Adieu séparation des pouvoirs ! Le tribunal devient un objet judiciaire non identifié, qui décide de la procédure qu'il va suivre ! En France, un pays démocratique, le juge d'instruction applique le Code de procédure pénale, élaboré par les pouvoirs politiques, eux-mêmes élus. Ici, ce sont des juges qui élaborent leur procédure. Que dirait-on, en France, si un juge décidait de prolonger de 48 heures la garde à vue d'un détenu parce qu'il n'a pas encore parlé? Au cours du procès Milosevic à La Haye, la procédure a été changée vingt-deux fois par les juges... Chaque fois pour leur permettre de mieux se débrouiller. À Phnom Penh, la dernière assemblée plénière des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, qui s'est réunie en septembre 2010, a adopté « un certain nombre de modifications importantes qui n'auraient pu être examinées lors de la septième session plénière, en raison des contraintes de temps ». Ce sont les magistrats qui le disent: les modifications qu'ils apportent en 2010 pour des procès qui durent depuis des années sont importantes. Adieu Montesquieu et la séparation des pouvoirs: les juges décident eux-mêmes de la procédure qu'ils vont appliquer.

Enquête à charge :

Quand un vainqueur juge un vaincu, c'est pour lui faire porter la responsabilité du désastre. À Phnom Penh, un officier de police judiciaire australien Wayne Bastin, enquêteur pour le tribunal, est invité au  domicile privé du co-juge d'instruction français un certain Lemonde: « Je vous demande d'enquêter uniquement à charge, lui demande-t-il, je souhaite obtenir plus de preuves à charge qu'à décharge. » Bastin est stupéfait et choqué. Informés de cette situation, les avocats récusent le juge. Celui-ci répond textuellement: « S'agissant de ce qui a été dit à cette réunion, je déclare sincèrement que je n'ai pas le souvenir d'avoir prononcé les mots qui me sont attribués, et qu'à supposer que je me sois effectivement exprimé de la sorte, cela tic pourrait être que sur le ton de la plaisanterie. » Une nuance qui a échappé à l'enquêteur australien. Dès cet instant, le juge émet des doutes: « Il convient de relever que M. Bastin a manqué au devoir de confidentialité auquel il était tenu et qu'il s'agit là d'un point particulièrement troublant du contexte dans lequel interviennent les demandes de récusation [...]. Celles-ci illustrent le préjudice que des révélations débridées et irréfléchies peuvent porter à la mission historique des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens ainsi que le froid qu'elles peuvent jeter sur les travaux. Cela est d'autant plus malencontreux au regard des zones d'ombre qui entourent les mots que j'aurais prononcés et le sens à leur donner. »

Adieu présomption d'innocence

Il faut aussi prévoir le pire: adieu responsabilité personnelle ! Les juges, dans ce tribunal, ont inventé une notion juridique très importante: l'entreprise criminelle commune, c'est-à-dire le fait que le crime est contagieux. Si vous êtes membre d'un gouvernement qui commet des crimes, vous en êtes, vous aussi, responsable. C'est un progrès étonnant sur Nuremberg où l'on n'a pas appliqué aux dirigeants nazis la notion d'entreprise criminelle commune. Hjalmar Schacht, homme de droite, banquier, conservateur, ministre des Finances de Hitler, ministre d'Etat a été acquitté. Les juges du tribunal militaire ont estimé que ce grand bourgeois n'avait pas été informé des sévices qu'on infligeait aux prisonniers politiques du camp de Dachau, encore moins de ce qui s'était passé à Wannsee où s'était décidée la « solution finale» . Le docteur Schacht a été acquitté. Or maintenant, on nous dit: non, la responsabilité criminelle est contagieuse, vous étiez membre du gouvernement, donc vous portez la responsabilité de tout ce qui s'est passé.

Adieu Montesquieu, adieu présomption d'innocence, adieu responsabilité personnelle, adieu aussi égalité devant la loi. Les Khmers rouges sont poursuivis uniquement pour ce qu'ils ont fait à partir d'août 1975, pas pour ce qui s'est passé avant. Or ce qui s'est passé avant, c'est la guerre, le coup d'État militaire du général Lon Nol, pro-américain, chassant Norodom Sihanouk et engageant la guerre. Il a été déversé à ce moment-là, sur le Cambodge, trois fois plus de bombes que sur le Japon pendant la dernière guerre mondiale. Apparemment, les bombes étaient inoffensives, on les jetait pour rire. Et c'est ce qui explique l'indignation de Noam Chomsky, qui déclare au Phnom Penh Post: « Je pense que ce procès devrait être laissé au peuple cambodgien, je ne peux pas imaginer qu'il y ait mi procès onusien international. Mais le cas échéant, on ne peut pas le limiter aux Cambodgiens [ ... ] Un procès international qui ne prendrait pas en compte Henri Kissinger ou les autres responsables des bombardements américains ou le soutien aux Khmers rouges quand ils ont été chassés du Cambodge [ ... ] serait une farce. » Au Cambodge, on a fait le total des morts, lequel est attribué aux Khmers rouges, y compris ceux des bombardements américains.

Par ailleurs, on poursuit Khieu Samphan qui était président du gouvernement. Mais avant lui, c'est Norodom Sihanouk qui occupait ce poste. On poursuit l'un, mais pas l'autre. Pis : comme on ne pouvait pas tenir ce procès sans entendre Norodom Sihanouk, alors on l'a cité comme témoin. Il y a opposé le plus grand mépris. Noam Chomsky souhaite que Kissinger soit entendu. Nous savons très bien qu'il ne viendra pas. Nous allons demander à Roland Dumas, qui a présidé la conférence sur le Cambodge à Paris, de venir témoigner de sa rencontre avec Khieu Samphan. Je peux déjà annoncer aux magistrats des chambres extraordinaires au sein des cours cambodgiennes que Roland Dumas a accepté de témoigner. Nous avons, à côté de cela, le tribunal pour l'ex-Yougoslavie. Madame Del Ponte y a montré une très grande ardeur. C'est l'Eva Joly de la justice internationale. Elle dit aujourd'hui avoir été informée de trafics d'organes humains extraits des prisonniers serbes commis par des Kosovars, sans pouvoir enquêter.

Adieu aussi, le français ! Au tribunal pour le Cambodge, il y a trois langues de travail: l'anglais, le français et le khmer. Eh bien les documents ne sont qu'exceptionnellement traduits en français. Ils ne le sont même pas en khmer. Ils sont en anglais, la langue de l'Empire. Dès le début du procès, j'ai déclaré que désormais nous ne répondrions plus si l'on n'avait pas accès à une langue officielle et qui nous soit accessible, khmer ou français. Le tribunal a recueilli cette déclaration avec assez d'humeur puis s'est réuni à huis clos sans ma présence et m'a infligé un avertissement, transmis au bâtonnier de Paris. Mon seul regret, c'est qu'il n'ait pas été transmis à tous les barreaux de France, parce que se faire traiter d'imbécile par un idiot est un plaisir rare.

Des juges payés par Monsieur Soros

Savez-vous que le tribunal pour l'ex-Yougoslavie reçoit une aide financière d'un grand humaniste que les magistrats de Paris, aveugles, ont condamné pour malversation financière: un nommé Georges Soros. Je vous pose la question: accepteriez-vous, en France, de comparaître devant un tribunal dont les juges seraient payés par des gens, même honorables, comme M. Tapie ou M. Lagardère? Vous diriez non, ce n'est pas possible ! Eh bien là, c'est possible ! Nous avons demandé que le rapport de l'Onu concernant la corruption soit communiqué à la défense. On nous a dit: vous n'y pensez pas! Ce n'est pas possible ! Si bien que nous sommes devant un tribunal dont certains membres sont corrompus et nous ne savons pas lesquels !

Quand le tribunal spécial pour le Liban a pris pour cible la Syrie, on a arrêté quatre généraux libanais, réputés pro-syriens. Sans preuve contre eux. Ils sont restés en prison quatre ans. On les a libérés récemment parce que la cible a changé. Le lobby qui dirige l'opération a dit que les Syriens ne les intéressaient plus ; c'était désormais le tour du Hezbollah. Mais allons-nous condamner le gouvernement syrien qui émet des mandats d'arrêt contre les prétendus magistrats ayant commis une telle forfaiture ? Il y a des affiches à Phnom Penh qui disent que les juges touchent de l'argent et au Liban, il y a des mandats d'arrêt. Le moins que l'on puisse dire, c'est que nous sommes dans une situation inédite et déplorable.

À Nuremberg, même si on conteste le bien-fondé du tribunal, si le Soviétique représentait un pays ayant liquidé quelques milliers d'officiers à Katyn et le Français, un pays où le travail forcé existait encore dans ses colonies africaines, au moins le procès s'est déroulé selon des normes. Tandis que là, nous n'avons plus de normes ! Un procès devrait intéresser le pays dont les ressortissants sont poursuivis. Mais le ministre cambodgien de l'Information déclare: « Les juges internationaux traînent des pieds dans les affaires qui leur sont confiées. Pourquoi ? Parce qu'ils sont bien payés et aiment l'argent. » Que répond le procureur, un Canadien nommé Petit? Qu'il n'est pas concerné par ces commentaires. L'un injurie, l'autre méprise. Une situation inédite. Quant au chef de l’Etat, Hun Sen par ailleurs ancien Khmer rouge,  il fait une déclaration assez logique: « S'il y a jugement, les Nations unies devraient faire partie des accusés car beaucoup de nations ont appuyé le régime entre 1975 et 1979. Nous avons organisé déjà un procès en 1979, il n'a pas été reconnu. » Teng Sary a été condamné en 1979 par des tribunaux cambodgiens, gracié par le prince Norodom Sihanouk et on le rejuge. Adieu principe du non bis in idem.

A la CPI, tous les accusés sont noirs

Voici deux autres questions importantes : si la torture relève d'une compétence universelle, un État peut-il l'amnistier erga omnes ? Or ici, j'ai une directive du ministère de la Justice des États-Unis à l'attention de la CIA pour expliquer comment « interroger » les gens. On nous explique le supplice de la baignoire, procédé utilisé sans le dire pendant la guerre d'Algérie, comment priver les gens de sommeil, comment les assourdir avec des musiques sur les oreilles pendant des heures et des heures. Alors la question se pose: est-ce que le fait que dans un pays, on pratique de telles choses peut valoir pour le reste du monde ?

Ensuite, un crime imprescriptible peut-il être amnistié? Si Hitler avait remporté la victoire, il aurait amnistié tous les crimes des SS, mais pas ceux des Français libres. L'amnistie peut-elle s'appliquer à quelque chose d'imprescriptible? N'est-ce pas aller contre le fait que le crime soit imprescriptible?

Dès lors, nous pourrions dire que la justice est sensible au noir. Si nous prenons la Cour pénale internationale, tous les accusés sont noirs. Tous les crimes contre l'humanité sont commis dans la région subsaharienne. Il ne s'est donc rien passé à Guantanaino ? À Abou Ghraïb ? Dans les pays d'Amérique latine? Aux États-Unis ? En Europe de l'Est ? Je crois qu'il est temps que la justice s'applique à tout le monde, qu'il n'y ait pas de justice des uns contre les autres et qu'elle s'applique aux crimes commis par les puissants et par les plus faibles *. .

* Version condensée par nos soins de la conférence de Jacques Vergès, donnée le 8 octobre 2010 au Palais de justice de Paris.

Texte original sur www.afrique-asie.fr

Février 2011 • Afrique Asie

vidéo: JACQUES VERGES avocat de la terreur, interview exclusive sur culturclub - bande annonce

 

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Titre (posté le 17/03/2011 à 12:56)

Comprendre la radioactivité en cinq questions clés

Source: le figaro.fr

Alors que la situation est loin d'être stabilisée dans les centrales japonaises, Le Figaro fait le point sur le phénomène physique de la radioactivité et explique les conséquences des accidents nucléaires sur la santé humaine.

• La radioactivité est-elle une création humaine ou bien existe-t-elle naturellement ? 

Oui, la radioactivité existe à l'état naturel. Au cœur des atomes, se trouvent les noyaux. Certains, plus fragiles que d'autres, se brisent spontanément (c'est la fission) en dégageant de l'énergie sous la forme de chaleur et de rayonnements. C'est cette énergie que l'on peut mesurer. Ce sont les rayonnements ainsi émis que l'on appelle la radioactivité. Même le corps humain ou les maisons de granit en Bretagne (3 mSv) en dégagent. Lors d'un voyage en avion, le rayonnement cosmique entraîne une irradiation de 0,05 mSv pour un aller-retour Paris-New York.

Les premiers effets émis par des sels d'uranium ont été découverts en 1896 par Henri Becquerel. L'année suivante, Marie Curie choisit ce sujet d'étude pour sa thèse. Elle travaillera la question avec son mari, Pierre. Tous les trois recevront le prix Nobel de physique en 1903 pour ces travaux. Depuis, l'homme s'efforce de domestiquer cette source d'énergie.

• Quelles sont les substances radioactives émises lors d'un accident nucléaire ? 

Dans un nuage issu d'un accident nucléaire, on trouve des substances volatiles liées à la fission au cœur du réacteur nucléaire. Ce sont principalement des molécules d'iode et de césium. Et ce sont elles qui ont le plus grand impact immédiat sur la santé. L'autre danger est lié aux rayonnements invisibles comme ceux provoqués par les particules alpha et bêta, et les rayonnements gamma (proches des rayons X). Ceux-ci sont d'autant plus dangereux que l'on est proche de leur source d'émission.

• Que devient le nuage radioactif ? 

Pour l'instant, contrairement à la catastrophe de Tchernobyl, les émissions toxiques des réacteurs accidentés ne sont pas montées très haut dans l'atmosphère. Les facteurs météorologiques, vent et intempéries, auront une influence capitale sur son devenir, dans le temps et l'espace. La composition précise du nuage en particules radioactives sera aussi déterminante: la quantité d'iode se divise par deux tous les huit jours, tandis que la période est de l'ordre de trente ans pour le césium. Pour l'Hexagone, les prévisions sont plutôt rassurantes. «Il est peu probable que cet événement (au Japon) ait des conséquences en France, néanmoins il a été demandé à l'IRSN de (le) vérifier par des calculs prenant en compte les scénarios les plus extrêmes», selon Olivier Gupta, directeur général adjoint de l'ASN, lors d'une conférence de presse. En revanche, «il y aura des particules détectées dans l'atmosphère dans le monde entier», a estimé mercredi Jacques Repussard, directeur de l'IRSN.

• Quelle est la différence entre irradiation et contamination ? 

Souvent confondus, ces termes sont pourtant bien distincts. L'irradiation est la conséquence directe d'une exposition externe d'un corps (qu'il soit vivant ou inerte) à des rayonnements ionisants. On parle en revanche de contamination quand un produit radioactif se dépose sur une personne ou un objet ou lorsqu'il est inhalé ou ingéré. Dans le cas d'une irradiation, l'effet cesse quand on éloigne l'objet ou la personne de la source de rayonnement.

En revanche, en cas de contamination, la production de radioactivité est continue et durable tant que la source de contamination n'a pas été éliminée. En cas d'accident nucléaire, les travailleurs sont surtout exposés aux irradiations. Les populations vivant à proximité des centrales risquent surtout une contamination, les particules radioactives pénétrant dans l'organisme par la peau ou par inhalation. La contamination peut aussi se faire indirectement par voie digestive, en ingérant des aliments contaminés.

• Quels sont les risques pour la santé ? 

Les conséquences pour l'organisme dépendent largement de la dose reçue. Celle-ci peut atteindre plusieurs sieverts pour les travailleurs proches du cœur des réacteurs des centrales. Sans traitement, l'exposition à une dose de 6 sieverts (Sv) est mortelle dans 100% des cas. Une exposition à des doses plus faibles, de l'ordre de un sievert, entraîne un syndrome d'irradiation aiguë.

Celui-ci se traduit par des vomissements dans les heures suivant l'irradiation, puis d'autres symptômes surviennent après une latence de quelques jours: fièvre, diarrhées, hémorragies, infections… Ces signes traduisent une destruction massive des cellules de l'organisme. Celles de la paroi digestive et de la moelle osseuse (précurseurs des globules rouges, globules blancs et plaquettes) sont les plus sensibles aux radiations. Les tissus embryonnaires et les organes reproducteurs sont aussi très radiosensibles, ce qui explique le risque de malformations fœtales, et de stérilité, chez l'homme comme chez la femme.

À long terme, après plusieurs années, un excès de cancers (leucémies, tumeurs de la thyroïde, des poumons) est observé. C'est la principale conséquence pour les populations vivant à proximité des centrales nucléaires. Le risque de cancer est proportionnel à la dose reçue: il apparaît pour une exposition supérieure à 100 mSv, et augmente de 5,5% par sievert.

Seules les tumeurs de la glande thyroïde peuvent être efficacement prévenues, par la prise précoce de comprimés d'iode.

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Titre (posté le 15/03/2011 à 19:18)

Kadhafi en route vers Bengazi ?

 

Il ne se fait plus de doute, Kadhafi est passé à la vitesse supérieure et va droit vers le siège du Conseil National de la Résistance, Bengazi… Veillée d’armes dans une ville où les lendemains sont incertains..

Qui pouvait parier il y a une semaine que Kadhafi reprendrais du terrain ? Assurément seuls ceux sachant que ce ‘’ machin ‘’ comme le disait le général De Gaulle n’avait de rôle que de condamner et de voter des sanctions qui ne sont que des effets de modes qu’on on en voit partout dans le monde. Quand le Conseil de Sécurité de l’ONU vote des sanctions contre Khadafi et les siens, gels ses avoirs, les membres de cette auguste institution n’ont de méthodes que ces pratiques difficiles à mettre en pratique étant entendu que dans la réalité, elles sont difficiles à mettre en œuvre. Et pour cause…

Des dirigeants comme Duvalier alias bébé doc qui ont pillé Haïti durant des années avant de se voir chasser du pouvoir ont eu leurs avoirs évalués à des milliards de dollars faisant objet du gel de leurs fortunes s’est coulé la vie douce durant des années et en vingt ans, rien qu’urne infime partie a été récupérée et  renvoyée à Haïti qui pourtant en a grandement besoin…Les avoirs de nombreux chefs d’états avant d’être placés dans les paradis fiscaux le sont par de nombreuses sociétés écrans qui sont spécialisées dans l’art du camouflage…Identifier avec exactitudes où sont placés ses avoirs et sous quels noms ils le sont peut prendre un quart de siècle . En d’autres termes, l’urgence pour les insurgés libyens était surtout de contenir l’aviation du guide en les empêchant de voler. «Nous nous sommes repliés, c'est vrai, mais c'est une manœuvre normale dans une guerre du désert», explique Moustapha Gheniani, l'un des porte-parole du Conseil national provisoire de transition. «Kadhafi ne dispose pas de beaucoup d'avions, et n'a que quelques milliers de soldats. Rien de suffisant pour tenir le terrain. Encore moins pour menacer Benghazi», dit-il. «Sa seule capacité est d'effrayer les gens avec ses raids aériens. C'est pour cela que nous avons besoin d'une zone d'exclusion aérienne.»

Et à Tobrouk, sur la route de Bengazi, malgré l’avancé des troupes pro Khadafi, les gens ignorent de quoi demain sera fait. C’est une petite ville tranquille, loin de l’effervescence de Benghazi. Mais ici, comme à Benghazi, il y a une place, fraîchement rebaptisée Place des martyrs, où l’on campe pour demander le départ du colonel Kadhafi. On y trouve une banque, qui fonctionne normalement, et dont l’une des employées est Irakienne. « Personne ici ne sait ce qui se passera demain, dit-elle. Moi je n’ai pas peur, je suis irakienne, j’ai l’habitude. Mais les gens ici craignent d’être punis si Kadhafi revient ». A quelques mètres de là, on refait le monde et la démocratie. Abdallah et ses amis discutent, souvent bruyamment, de la situation : « La liberté, on la connait maintenant. Avant on voyait à la télé comment les gens vivaient ailleurs, mais maintenant on y a goûté aussi. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Même si c’est Tobrouk la prochaine étape, qu’est-ce que ça fait ? Si on meurt, qu’est ce que ça fait ? Si nous n’avons pas la liberté peut être que ce seront nos enfants qui l’auront. Rien n’est gratuit, la liberté, ce n’est pas gratuit ». Le verrou d’Ajdabiyah ouvre sur deux routes, l’une vers le nord dans la direction de Benghazi, l’autre vers le nord-est, vers Tobrouk et la frontière égyptienne.  

Libye: les forces pro-Kadhafi progressent vers Benghazi, siège de la rébellion

Reuters/Goran TomasevicPar RFI

En Libye, les forces du régime de Mouammar Kadhafi avancent sur les positions des insurgés. Malgré les condamnations internationales et les débats actuels sur l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne sur le ciel libyen, cette reconquête se fait à coups de tirs d'obus et de raids aériens.

Progressivement, la ligne de front entre insurgés et forces loyales à Mouammar Kadhafi se déplace vers l'est.

Même si l'insurrection conserve des positions à Misrata, située à 150 kilomètres de Tripoli, ou bien encore dans plusieurs localités des montagnes du nord-ouest, les troupes de Mouammar Khadafi en pleine contre-offensive progressent ces derniers jours à coups de tirs d'obus et de raids aériens.

Hier, samedi 12 mars 2011, les soldats et mercenaires du régime libyen ont pris Al Oukaïla sur la route côtière. Aujourd'hui, selon des témoins, après avoir été bombardés, les insurgés ont fui le port pétrolier de Brega, situé à environ 240 kilomètres à l'ouest de Benghazi.

Pour l'heure, les rebelles conservent encore le contrôle d'Ajdabiya qui fait figure de dernier verrou avant le quartier général du Conseil national de transition.

A Benghazi justement, l'inquiétude grandit à mesure que les forces pro-Kadhafi progressent. Malgré les mauvaises nouvelles du front, des volontaires quasi désarmés continuaient hier de s'enrôler pour aller combattre les troupes du régime en place.

Par ailleurs, l'ambiance s'est considérablement tendue à Benghazi. Des habitants fuient et les drapeaux rebelles disparaissent. Sentant le vent tourner en leur défaveur, les officiels du Conseil national de transition comme la population en appellent à une intervention urgente de la communauté internationale

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Titre (posté le 10/02/2011 à 10:40)

Source : les Afriques n°146 du 21 janvier au 02 février 2011

Situation en Côte d’Ivoire :

Dans un interview exclusif au magazine ‘’ Les Afriques’’, le Président du Mali Amadou Amani Touré livre sans ambages son point de vue sur la situation en Côte d’Ivoire…Il passe en revue, le problème de la représentativité de ce pays, le rôle stratégique que joue la Côte d’Ivoire pour le Mali, son point de vue sur l’option militaire…..

Extraits :

 ‘’L’invitation faite à Monsieur Laurent Gbabgo d’assister au sommet de l’UEMOA a été faite depuis six mois, lorsque la date des assises de l’UEMOA (Union Economique Monétaire Ouest Africain) avait été arrêtée ; cette invitation s’adressait au président de la Côte d’Ivoire et non à la personne de Monsieur Laurent Gbagbo’’, affirme le Président Amadou Amani Touré, président du mali dans un interview accordé le 21 janvier 2011 au magazine ‘’ Les Afriques’’.

Et de continuer, ‘’ les invitations ne s’adressent pas aux hommes, mais aux états et celle-ci a été faite avant les évènements ; il y six mois, personne ne pouvait penser que nous allions nous retrouver dans la crise que nous vivons aujourd’hui, avec ce qu’elle comporte comme difficultés’’.

S’agissant du paiement des salaires de fin décembre 2010, ‘’ j’ai appris à ma grande surprise que c’est le Mali qui a payé les salaires des fonctionnaires Ivoiriens…En d’autres circonstances, cela aurait prêté à rire, mais en l’espèce, cela aurait eu des graves conséquences parce que cela a été interprété comme une prise de parti , alors qu’il n’appartient pas au Mali de prendre parti’’ . Pour ATT, ‘’ en lisant la Côte d’Ivoire, je lis le Mali…Il y a deux millions de maliens en Côte d’Ivoire ; 30 à 40% des importations du Mali, transitent par le port d’Abidjan..Notre coton passe par le port d’Abidjan….Dont la Côte d’Ivoire présente un intérêt stratégique pour nous ; c’est le pays avec lequel nous échangeons le plus….S’agissant de mon absence au dernier sommet d’Abudja, j’étais à la première…..Cette fois je n’ai été informé que trois jours avant et mon programme était très chargé….Nous étions présent par une haute personnalité du pays et nous partageons toutes les décisions qui ont été prises.’’ De l’intervention militaire, ‘’ en tant que général, je ne pense pas que cette action sera aisée ; j’ai rencontré les différents chefs d’état- majors et j’ai vu toutes les contraintes pour une solution militaire. Elles sont extrêmement importantes.’’ S’agissant du terrorisme, ‘’ il faut en dehors des actions militaires et de sécurité, privilégier le développement local, parce qu’en définitive, le terrorisme se nourrit du sous-développement. Les islamistes viennent avec une idéologie qui ne correspond pas à l’islam solidaire, ouvert, humain que nous connaissons’’.

Gabon :

EDF acquiert les parts de Veolia dans la Société d’Electricité

et d’Eau du Gabon (SEEG)…

Le conseil d’administration d’Electricité De France (EDF) vient d’approuver le rachat des parts de Veolia (51%)  dans le capital de la SEEG. Détenue depuis 1997, date de la concession de la production d’eau et d’électricité à Veolia, pour vingt ans, dans la quasi-totalité du pays ; excédé par les coupures intempestives et les délestages qui paralysent la capitale économique, le gouvernement  a décidé en Décembre 2009 de revoir les accords avec le groupe français. En  rejoignant le tour de table de la SEEG, EDF a déboursé la somme de 15 millions d’euros. Des observateurs voient dans cette acquisition, une volonté du patron d’EDF de voir son groupe retourner en Afrique. Pour mémoire, Henri PROGLIO, actuel PDG d’EDF, a dirigé pendant des années le groupe qu’il a quitté pour rejoindre le groupe énergétique public.

Hier 10 février 2011, dans un interview au quotidien national l'Union, le Directeur Général de la SEEG a demntit cette information en affirmant que les négociations étaient en cour et que EDF n'était pas encore entré dans le capital social de la SEEG

Cameroun :

Le pays entend doubler sa production pétrolière d’ici 2015.

Actuellement classé parmi les producteurs moyens de pétrole en Afrique, n’en nourrit pas des ambitions pour jouer dans la cour des grands…Depuis quelques temps, des permis d’explorations et même d’exploitation ont été accordés à des firmes internationales. Sous le biais de la SNH, (Société Nationale des Hydrocarbures), bras séculier de l’Etat en matière de recherche pétrolière, des recherches on shore et offshore sont en cours aussi bien dans le Rio del Rey que dans le bassin de l’atlantique comprenant notamment Douala, Edéa, Kribi et Limbé. Selon le magazine ‘’ les Afriques’’, ‘’ pendant que les recherches se poursuivent, les autorités ont décidé de procéder à l’extension et la modernisation de l’unique raffinerie du pays pour un investissement de 350 milliards de francs, destiné à l’amélioration de l’outil de production de la Société Nationale de Raffinage (SONARA) ‘’.  D’après les prévisions, la production pétrolière actuellement de 2,1 millions de tonnes par an pourrait passer à 4 millions de tonnes par an d’ici 2015.

CEMAC :

Air CEMAC dans les starting blocks..

Antoine Tsimi, Président de la commission CEMAC, Khaya Ngqula, PDG du transporteur aérien sud africain South African Airways et les ministres des transports des six pays de la Cemac ( Cameroun, Gabon, Congo Brazzaville, Tchad, Centrafrique) ont démontré leur volonté d’aller jusqu'à l’envol du premier avion d’Air Cemac prévu d’ici l’année prochaine. En effet, ils viennent de signer à Brazzaville un mémorandum portant sur l’emplacement du pavillon régional (siège à Brazzaville). A noter que durant cette rencontre, il a été décidé que South African Airways, partenaire d’Air Cemac, détiendra 60% des actions.

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Titre (posté le 25/01/2011 à 14:18)

Zine El Abidine Ben Ali,

Un Ceausescu africain…

Par D. TCHUENTE

Sources: le figaro international

Vous avez certainement oublié le Couple dirigeant roumain Nicolae et Helena Ceausescu  des années de plomb! Eh bien, en Afrique et plus exactement en Tunisie , il en existait un autre, Ben Ali et Leïla….Les crises qui émaillent l’histoire de l’humanité sont toujours le fait des hommes, mus d’un sentiment de domination, agissant sans retenus, mais oubliant que le peuple a toujours son dernier mot à dire….

Alors que la Roumanie moderne, avant le vent de l’Est vivait sous la loi d’un dictateur Nicolae Ceausescu et sa femme Helena de 1965 à 1989 avant d’être attrapé par l’histoire, jugés et fusillés, nul ne pouvait se douter que de tels évènements, fortement médiatisés à leurs temps,  pouvaient encore inspirer certains dirigeants. En effet, les faits historiques, loin d’être  des sources d’enseignements et de réflexions pour les dirigeants, sont par contre des éléments d’inspirations comme si ce qui est arrivé aux autres relevait d’un passé très lointain. Et pour cause…

Après que la rue est eue raison de Zine El Abidine Ben Ali, qui vient de prendre le chemin d’exil après plus de vingt cinq ans de pouvoir sans partage, les langues commencent à se délier en Tunisie et on découvre avec stupéfaction,  l’ampleur du désastre que ce dernier, sa femme et sa famille à la manière de Ceausescu ont pu causer au peuple tunisien.

Le pouvoir familial :

Le pouvoir vient du peuple et non de la famille ! Comment imaginer qu’un dirigeant au pouvoir implique au plus haut niveau toute sa famille  dans la gestion de la chose publique au point que celle-ci se croit permis de tout, semant la terreur à son passage ? C’est ce que le peuple libéré de Tunisie dévoile aujourd’hui, sans crainte, le cauchemar qu’il a vécu durant plus de deux décennies.. D’après Fabrice Amedeo, reporter au Figaro International, dans son article ‘’ Ben Ali-Trabelsi : les pillages d'une famille en or’’, La famille de l'ex-président tunisien aurait mis la main sur 40 % de l'économie du pays. Ben Ali et Leïla Trabelsi avaient mis au pas la Tunisie et préparé l'avènement du gendre prodige Mohamed Sakhr el-Materi ….De plus, l'emprise de sa femme Leïla et des siens ne cessait de s'accroître ces derniers mois. Selon un homme d’affaire qui aujourd’hui savoure sa joie après la chute du dictateur, et qui a préféré garder l’anonymat, ‘’ Un neveu du Président est venu me rendre visite il y a trois semaines. Par chance, je m'étais absenté. L'individu a dit à mon personnel terrorisé qu'il reviendrait.» Aujourd’hui cet entrepreneur est certain que sans la chute du régime, celui-ci l’aurai racketté ou serait entré dans le capital de son entreprise comme c’était malheureusement le cas sous le régime déchu. Mais, malgré la liberté d’expression retrouvée, l’anonymat reste de vigueur puisque  la fuite de Ben Ali et  de plusieurs membres du clan familial, leurs images restent encore présentes et surtout que plusieurs ministères du gouvernement de transition sont entre les mains des figures de proue de l’ancien régime.

 La chute du régime Ben Ali commence à lever le voile des pratiques de sa famille et de son épouse, Leïla Trabelsi, 55 ans, qui ont fait main basse sur des pans entiers de l'économie du pays et mis en place un véritable racket institutionnalisé: l'automobile, la téléphonie, les banques, l'immobilier, le tourisme... Pour beaucoup, la Tunisie vient d’échapper à une rackette organisée par la famille régnante…. La Fondation Global Financial Integrity estime que la corruption a fait perdre un milliard de dollars par an au pays. «Ce sont de véritables prédateurs, explique Béatrice Hibou, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri). Ils ont réussi à entrer dans toutes les grandes entreprises en récupérant des participations à bas prix, à se placer comme intermédiaires dans toutes les privatisations ou les grands appels d'offres, ainsi qu'à pousser tous les groupes étrangers qui cherchaient à s'implanter en Tunisie à verser des commissions.» Pour mieux asseoir sa domination politico-économique, la famille Ben Ali et proches n’étaient pas en manque d’imagination…Ainsi, une loi votée sur mesure interdit les enseignes étrangères de grandes distribution. Le stratagème mis en place et légalisé, un conseil interministériel donne quitus à Slim Chiboub, un gendre du Président, d'implanter l'enseigne Carrefour. Toujours dans la recherche de leurs emprises économiques, le gouvernement  malgré la baisse de l’activité touristique qui rend indispensable l’adhésion du pays aux accords d’ouverture de couloirs aériens ‘’ open sky’’ ne ratifiera jamais lesdits accords sous peine d’affaiblir la compagnie Karthago Airlines, aux mains de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Ben Ali. Le racket organisé au niveau de l'Etat avait également des ramifications sur le terrain, chez les petits chefs d'entreprise et jusqu'au fin fond des échoppes de quartier. A chaque fois, le modus operandi était le même. Des hommes de main du clan se renseignaient sur leur future proie. Quand ils avaient suffisamment d'informations, ils attaquaient: menace de contrôle fiscal, divulgation de photos pour les maris adultères ou encore coupures d'eau et d'électricité. «Ils ont commencé par forcer les commerçants chez qui nous faisions nos courses à leur donner les factures pour voir ce que nous achetions, raconte un Tunisois. Ils voulaient tout savoir: qui nous recevions, ce que nous servions à table. Et puis un jour, ils ont débarqué pour nous demander de vendre notre société

Tout entrepreneur qui inscrivait son entreprise au registre du commerce entrait dans le collimateur du clan et se voyait attribuer des informateurs attitrés. Dès que l'entreprise arrivait à une taille jugée critique, les sbires de la famille présidentielle débarquaient et n'hésitaient pas à utiliser tous les moyens d'intimidation afin d'obtenir, au mieux une prise de participation dans la société, et au pire sa vente pour un prix dérisoire à un membre de la famille présidentielle. Et l'omerta était de mise. Les chefs d'entreprise ne pouvaient pas rencontrer les chancelleries occidentales sous peine de représailles. «Les parkings des chancelleries étaient truffés d'informateurs», explique un membre de l'élite intellectuelle tunisienne ».

On croirait entendre les témoignages de Roumains durant les sombres heures de la dictature Ceausescu. Une comparaison d'autant plus pertinente que, dans les deux cas, c'est une femme qui tirait les ficelles dans l'ombre du dictateur. Elena Ceausescu en Roumanie et Leïla Trabelsi en Tunisie. Car ce que l'on appelle « la famille » est organisé en deux clans. Il y a tout d'abord le clan Ben Ali, composé des six frères et sœurs du Président, leurs enfants, ainsi que les trois filles issues du premier mariage de Ben Ali. Il y a du beau monde. Moncef Ben Ali, le frère de l'ex-Président, était un ancien trafiquant de drogue condamné par contumace en France à dix ans de prison pour son appartenance à la« couscous connections ». Il est décédé en 1996.

Mais qui est Ben Ali ?

Ben Ali est né en 1936 à Sousse. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, il choisit de faire carrière dans l’armée. Commencée en France, il achève sa carrière aux Etats Unis et regagne ensuite la Tunisie où il est affecté au service du général Kefi, dont il marie la fille…Pendant vingt ans, il gravit des échelons au sein de l’armée et de la diplomatie tunisienne. Après les émeutes sanglantes de 1984, il est promu à la sureté urbaine où les bons renseignements qui fournis au Président Bourguiba, le propulse au poste de premier ministre le 2 octobre 1987. En novembre 1987, soutenu par les rapports médicaux de 7 experts, Ben Ali fait destituer le président Bourguiba, qui, à cause de son grand âge (84 ans), ne peut plus gouverner. Ben Ali et son parti le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) règnent alors d'une main de maître sur le pays. Les Tunisiens croient tout d'abord dans les promesses du nouveau leader d'une plus grande liberté démocratique. Ben Ali modifie d'ailleurs la Constitution pour supprimer la présidence à vie et limiter le nombre des mandats. "Notre peuple est digne d'une vie politique évoluée et institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la pluralité des organisations de masse", déclarait-il à l'époque. Mais en 2002, il retourne aux vieilles habitudes et abroge cet amendement. Le paysage politique tunisien lors des différentes élections présidentielles est alors proche de la monochromie. Ben Ali sera d'ailleurs à deux reprises seul candidat à sa succession.  Sa dernière élection remonte en 2009, où seul candidat en lice, il la remporte à 90%.

Vidéo:  LA CHUTE DU CLAN TRABELSI ET LA FUITE DE BEN ALI VERS LA METROPOLE

Source: Engaldenfar

 

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Titre (posté le 08/11/2010 à 21:30)

Commémorer oui ; Célébrer, non !

Source : ‘’l’Afrique qui ose !’’

Édition : 1er trimestre 2010

Dix sept pays francophones et certains anglophones du continent africain commémorent cette année cinquante ans de leurs indépendances…..Comme nous l’avions dit dans nos précédents articles, ‘’ cinquante ans dans la vie d’un homme, c’est l’âge de la sagesse, celle où l’on voit la vie avec plus de lucidité, plus de maturité…Dans la vie d’une nation, c’est celle où l’on mesure le chemin parcouru, analyse les succès , les échecs et fait une prospective…’’

Dans cet ordre d’idée, nous vous invitons à méditer cet article que nous avions sélectionné pour vous dans le magazine ‘’ l’Afrique qui ose !’’ du 1er trimestre 2010.

2010 marque pour beaucoup de nos pays africains, le cinquantenaire de l’accession à l’indépendance. Déjà un peu partout, des comités d’organisation préparent des fastueuses célébrations. Pourtant s’il est important de ne pas oublier les jalons essentiels qui ont marqué l’accession de nos pays à l’indépendance, il est pour le moins inappropriés de parler de célébration.

Qu’avons-nous fait en cinquante ans ?

Paupérisation de la population; faiblesse du tissu économique ; insuffisance de la participation aux échanges directes mondiaux avec moins de 1% du commerce mondiale et 1% des échanges directes étrangers. L’Afrique en est réduite a être un sujet subissant plus qu’un acteur géopolitique véritable quand on connait nos dotations factorielles et la qualité des ressources humaines dont regorge le continent.

A l’inverse, l’Asie, en dépit des succès inégaux, mais qui ne dispose pas de ressources minières, a réussi pendant ces mêmes cinquante ans, à sortir plus de la moitié de sa population de la pauvreté et enclencher à travers l’ASEAN, des dynamiques d’intégration remarquables.

Dans son récent ouvrage ‘’From third to first’’, Lee Kuan Yen, ancien premier ministre de Singapour, démontre comment il a sorti en trente cinq ans, son pays du ‘’Tiers monde’’ pour le faire figurer dans les pays ‘’Les plus avancés’’. On peut en dire autant de la Malaisie avec le Docteur Mahatir et autres dragons du Sud Est Asiatique. Et dire qu’en 1960, la plupart des pays africains étaient plus avancés économiquement. L’explication des succès assistés tient principalement en trois mots :

  • Un leader ayant une vision
  • La discipline du capital humain pour accompagner cette vision
  • La qualité de la mise en œuvre pour la transformation en résultats tangibles.

Voilà notre objet de méditation et surtout nous remémorer cette pensée du Président Nelson Mandela qui affirmait : ‘’ Une vision sans action est une perte de temps ; une action sans vision, c’est aussi une perte de temps ; une vision suivie d’une action, cela peut changer les choses…’’

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Titre (posté le 08/11/2010 à 20:28)
Ecriture de l'article en cours.
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Titre (posté le 29/09/2010 à 13:52)

La question du terrorisme…

Les attentats du 11 septembre 2001 ont remis à l’ordre du jour, un phénomène dont beaucoup, malgré les dégâts, les pertes en vie humaine étaient jusqu’à cette considérée comme l’affaire des autres : le terrorisme.

De la définition :

Définir de façon consensuelle le terrorisme, révèle d’une gageure, tant ce terme prête à contrevexe, surtout dépendant du camp où l’on se trouve.

Pour le petit Robert, le terrorisme est l’emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique ou l’ensemble des actes de violences, des attentats, des prises d'otage civils qu'une organisation politique commet pour impressionner un pays (le sien ou celui d'un autre).

Pour l’ Encyclopédie Hachette : Le terrorisme désigne soit des actes violents - sabotages, attentats, assassinats, prises d'otages… - commis pour des motifs politiques par des individus isolés ou organisés, soit un régime de violence créé et utilisé par un gouvernement qui cherche à conserver le pouvoir face à des ennemis intérieurs ou extérieurs.

Encyclopædia Universalis, va beaucoup plus loin, dans le fond…Dans le mot ‘’ terrorisme’’ d’après l’EU, terrorisme vient de terreur qui est un état, une peur exacerbée… mais, terrorisme depuis la Révolution française, est aussi un régime politique, voire un procédé de gouvernement, permettant au pouvoir en place de briser, à force de mesures extrêmes et d'effroi collectif, ceux qui lui résistent.

Le terrorisme, quant à lui, s'il est d'abord action, n'en recouvre pas moins une notion voisine puisque, dépassant souvent le stade de l'initiative ponctuelle pour devenir une véritable stratégie, il postule l'emploi systématique de la violence, pour impressionner soit des individus afin d'en tirer profit, soit, plus généralement, des populations, soumises alors, dans un but politique, à un climat d'insécurité. Dans l'un et l'autre cas, il a pour caractéristique majeure de rechercher un impact psychologique, hors de proportion, comme le souligne Raymond Aron dans Paix et guerre entre les nations, avec les effets physiques produits et les moyens utilisés.

Pour Jason Burke, expert de l'activité islamique radicale :   "Il y a de multiples façons de définir le terrorisme, et toutes sont subjectives. La plupart définissent le terrorisme comme 'l'utilisation ou la menace de grave violence' pour promouvoir quelque 'cause'. Certaines précisent clairement les types de groupes ('sous-nationaux', 'non-étatiques') ou de cause (politique, idéologique, religieuse) auxquels elles se réfèrent. D'autres comptent simplement sur l'instinct de la plupart des gens quand ils sont confrontés à un acte qui implique que des civils innocents soient tués ou mutilés par des hommes armés d'explosifs, d'armes à feu ou d'autres armes. Aucune n'est satisfaisante, et il subsiste de graves problèmes dans l'utilisation du terme. Le terrorisme est, après tout, une tactique. Le terme 'guerre contre le terrorisme' est donc complètement irrationnel. Comme je n'ai pas la place ici pour explorer ce débat complexe et difficile, ma préférence va, en gros, au terme moins chargé de 'militantisme'. Ceci n'est pas une tentative pour excuser ces actions, simplement pour les analyser plus clairement…..

De ces tentatives de définitions, nous comprenons aisément de la complexité du thème, si ce n’est du phénomène.

On peut citer parmi les autres arguments :

        *qu’il n'y a pas de définition stricte communément acceptée dans tout le monde.

        * Toute définition sur laquelle un accord pourrait être obtenu, disons, en français, serait biaisée en faveur des pays francophones.

        * Presque toutes les tentatives sérieuses pour définir le terme ont pour origine des gouvernements qui tentent instinctivement d'élaborer une définition qui exclut les organismes de leur sorte.

        * La plupart des groupes qu'on appelle "terroristes" s'opposent à cette accusation. Pratiquement aucune organisation ne se qualifie ouvertement de terroriste.

        * Beaucoup de groupes appellent tous leurs ennemis "terroristes".

        * Le mot est utilisé de façon très floue et est très difficile à contredire quand il est utilisé de façon inappropriée, par exemple dans des situations de guerre ou contre des personnes non-violentes.

        * Il permet aux gouvernements d'appliquer des règles juridiques différentes de celles de la justice criminelle ordinaire sur la base d'une décision unilatérale.

        * Il n'y a aucun espoir que l'on puisse un jour se mettre d'accord sur qui est "terroriste" et qui ne l'est pas.

        * Le terme tel qu'il est utilisé en Occident reflète un biais en faveur du statu quo. La violence par des gouvernements établis est vendue comme de la "défense", même quand cette prétention est considérée comme douteuse par certains; par contre toute tentative de s'opposer à l'ordre établi par des moyens militaires est souvent étiquetée comme "terrorisme".

        * Si nous étiquetons les groupes terroristes sur la base de la perception qu'en ont leurs opposants, ces étiquettes seraient très controversées, par exemple :

Tentative d’uniformité :

Le terrorisme est un crime dans la plupart des pays et il est parfois défini dans les textes légaux. Des principes communs parmi les définitions légales du terrorisme font émerger un consensus sur la signification du concept et alimentent la coopération entre les personnels de police de différents pays. Ces principes communs situent le terrorisme quelque part entre un acte de guerre en temps de paix et un crime de guerre commis par un organisme non étatique. Parmi ces définitions, plusieurs ne reconnaissent pas la possibilité de l'utilisation légitime de la violence par des civils dans un territoire occupé, et catalogueraient ainsi tous les mouvements de résistance comme groupes terroristes. D'autres font une distinction entre un usage légal ou illégal de la violence. Au bout du compte, la distinction est un jugement politique, qui ne peut être que biaisé par la conviction que « le criminel c'est l’Autre ».

De son essence :

Sans risque de ce tromper, le terrorisme né des frustrations, des inégalités, du désir de soumission et d’affirmation de son égo de supériorité qui n’a de cesse caractériser l’homme à travers les époques et les âges….. Des diverses définitions que nous avons explorées ci-haut, on peut dire que ce phénomène existait depuis la nuit des temps puisque l’utilisation de la terreur permettait aux gouvernants de garantir la soumission des administrés et à ces derniers, de ce faire entendre des premiers cités, ci ceux-ci ne s’accordaient pas sur les principes ou les méthodes de la gestion de la cité. Les répressions des régimes dictatoriaux, les massacres barbares, obéissent à cette logique.

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(posté le 10/09/2010 à 22:02)

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